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serena sciarrini

C’est la dernière semaine de l’année, le blog a maintenant 6 mois, et de plus en plus de succès :D En effet, je reçois beaucoup de messages me disant à quel point vous aimez mes articles, et ça me fait chaud au cœur ! L’une des publications qui semble le plus appréciée est l’interview de bijoutiers/joailliers. Assurément, la découverte du parcours d’autres créateurs semble vous inspirer. C’est pourquoi j’ai décidé de clôturer cette année avec cette interview de Serena Sciarrini, joaillière basée à Montréal. Je vous laisse la découvrir sans plus attendre.

Bonjour Serena, pouvez-vous nous parler de votre parcours avant de devenir joaillière ?

Bonjour Caroline, je suis née à Rome où j’ai vécu jusqu’à 28 ans. Dans ma ville natale, j’ai suivi des études classiques et artistiques et travaillé plusieurs années au théâtre comme ingénieure du son. Ce travail m’a permis notamment de voyager à travers toute l’Italie et d’y découvrir ainsi mille et une facettes cachées ! Mais c‘est un voyage au Sri Lanka qui m’a détournée en Belgique par la suite… En effet, un coup de foudre qui dure désormais depuis vingt-six ans m’a emmenée à Bruxelles – la ville de mon mari – où nous avons fondé notre famille adorée. Nos quatre garçons ont toujours été ma première source d’inspiration et, avec le soutien de leur papa, j’ai pu donner vie à un projet qui m’a comblée pendant des années : créer une marque pour bébés où j’avais le bonheur de dessiner des collections de vêtements et accessoires que je vendais en Belgique mais aussi à l’étranger jusqu’en Australie !

serena sciarrini
Serena Sciarrini

Qu’est-ce qui vous a décidé à changer de voie ?

Non seulement j’ai changé de voie, mais aussi de ville, de pays, de continent ! Quand nous avons déménagé à Montréal, après les premiers mois où j’étais très absorbée par notre nouvelle installation dans cette ville époustouflante, j’ai décidé de continuer mon travail de designer tout en sachant que mes collections pour bébés faisaient partie du passé et que je voulais m’ouvrir à des nouvelles techniques, à des nouveaux défis. Je savais que j’aurais voulu travailler à nouveau en atelier et que j’aurais aimé créer des bijoux. J’étais prête à passer du monde du textile à celui des métaux et des pierres, tout en cherchant de poursuivre une certaine continuité de recherche formelle et d’approche visuelle.

serena sciarrini

Collier Vertèbre / Crédits photo: Nicolas Fransolet

Quelle formation avez-vous suivie ?

Avec ce projet en tête, comment ne pas tomber sur la merveilleuse École de Joaillerie de Montréal ? C’est dans ce lieu pétillant, où mille passions et mille savoirs se croisent, que j’ai obtenu mon diplôme de joaillière. En plus de ma formation de base, j’ai eu la chance de suivre de nombreuses formations complémentaires avec des enseignants exceptionnels. Pour n’en citer que quelques-uns : Christine Larochelle, Charles Lewton-Brain, Antonio Serafino, Matthieu Chéminée, Gustavo Estrada…

fabrication bracelet fuoco
Bracelet Fuoco en cours de fabrication

Vous dites que votre travail est influencé par la philosophie du Slow Design. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?

Connaissez-vous le Slow Food, ce mouvement né il y a une trentaine d’années pour s’opposer au fast food, la restauration rapide ? Cette philosophie qui influence probablement aujourd’hui toute notre manière de nous mettre à table, de choisir les aliments, la manière de les préparer, de les transformer, de les apprécier ? Cette philosophie qui à la base privilégie une véritable forme éthique du plaisir s’est vite élargie à tout champs d’activité et a répandu son identité dans n’importe quel domaine, d’où la naissance du Slow Design. Personnellement – et sans vouloir faire trop de théorie – parmi les éléments que je retiens il y a le plaisir de profiter de tout le temps nécessaire à la création, le bonheur de savourer le parcours, le sentiment de bien-être dans une certaine lenteur, le besoin d’imprimer une identité et une histoire à tous les bijoux qui sortent de mon atelier, même si mon processus de création n’est pas forcément le meilleur pour une production rapide ! D’ailleurs, Caroline, j’ai lu que vous organisez des cours pour optimiser la production … Il faudrait peut-être que je vienne vous voir !

atelier serena sciarrini
Atelier de Serena Sciarrini

Vous avez eu l’occasion de participer à plusieurs expositions de « bijoux d’art ». Pouvez-vous en citer quelques-unes ? Que vous ont-elles apporté ?

Être sélectionnée pour une exposition est toujours extrêmement gratifiant, j’avoue ! Qu’il s’agisse de pièces existantes ou créées pour l’occasion, une exposition permet une contextualisation très intéressante, à la fois grâce à l’espace expositif qui devient un écrin singulier et unique qui nous révèle nos bijoux sous un autre angle, mais aussi et surtout grâce au dialogue qui s’installe parmi toutes les pièces présentées. Je pense à l’expo « 40 Ans de Passion, de Formation, de Création » qui célébrait l’histoire de l’École de Joaillerie de Montréal et pour laquelle j’ai eu l’honneur de présenter deux colliers et un bracelet en côtoyant des joailliers et des designers d’envergure. Cependant, créer des nouvelles pièces pour un concours demande beaucoup d’investissement. Je garde un souvenir particulier de l’exposition « Néon » pour laquelle mon bracelet « Fuoco » en argent et cuivre a été sélectionné. J’ai travaillé d’arrache-pied pendant des longues semaines pour transformer l’émotion que j’avais vécue en découvrant un petit poème dans une ruelle romaine en véritable pièce de joaillerie.

Bracelet fuoco
Bracelet Fuoco / Crédits photo : Nicolas Fransolet

Y a-t-il une technique que vous aimez particulièrement ?

Si chercher les bonnes techniques pour un projet est toujours passionnant, il faut dire qu’une technique peut aussi inspirer des projets. Ça m’arrive souvent. La surprise d’une coulée organique, la délicatesse d’un filigrane, la sculpture d’une cire, l’émerveillement d’un traitement de surface… Et je voudrais ajouter qu’un outil peut aussi ouvrir un univers de rêveries et de possibilités : d’une simple paire de brucelles au petit marteau de précision en passant par des pinces « trafiquées « … Je vais vous dévoiler un secret : ma vie a pris un nouveau tournant le jour où j’ai commencé à fantasmer sur un catalogue d’outils pour bijoutiers !

serena sciarrini
Collier Soleil / Catalogue de l’exposition du 40eme de l’École de Joaillerie de Montréal

Par quel intermédiaire vendez-vous vos bijoux ?

J’ai été représentée pendant plusieurs années par la prestigieuse galerie de la Guilde Canadienne des Métiers d’Art, que je remercie d’ailleurs. Nonobstant cet important véhicule de mon image, la vente directe – la rencontre immédiate avec les clients, avec leur vision, leurs questionnements, leur histoire – est la manière privilégiée de présenter mes bijoux. C’est un véritable plaisir d’accueillir les clients à mon atelier, de passer du temps avec eux, de partager un thé ou bien un verre… Parfois le temps s’écoule rapidement mais des liens se tissent autour du bijou, et je me sens reconnaissante de cette opportunité. En dehors de mon atelier, mes bijoux sont disponibles dans des boutiques sélectionnées et mon site internet a la fonction d’une vitrine qui permet d’acheter ou tout simplement d’aborder mes collections.

Atelier de Serena Sciarrini
Atelier de Serena Sciarrini

Pour finir, que représente le bijou pour vous ?

Le bijou a un effet miroir.

Le bijou que je porte, c’est le regard que j’ai sur moi-même et que j’affiche au monde.

Le bijou que je crée, c’est le regard que j’ai sur le monde et qui s’affiche à moi.

Bracelet Todi
Bracelet Todi / Crédits photo: Nicolas Fransolet

Site web : http://serenasciarrini.bigcartel.com/
Facebook : Serena Sciarrini Handmade Jewels
Instagram : serenasciarrini

Cet article comporte 2 commentaires

  1. Maguy RIVIERE dit :

    Magnifiques bijoux, bravo!
    Et un beau parcours!

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