Le monde de la joaillerie est un vaste univers qu’il est nécessaire de bien connaître…

La gemmologie, c’est l’étude des pierres gemmes. Un gemmologue, comme un détective, va utiliser ses connaissances et outils pour découvrir l’identité d’une pierre, comment elle se nomme et à quelle famille elle appartient. Et aussi, il va s’intéresser à déterminer si elle est naturelle (extraite d’un milieu naturel) ou synthétique (fabriquée par l’homme). Pour finir, la gemmologie s’intéresse également à l’identification des traitements éventuels réalisés sur les gemmes. Les traitements peuvent être très variés, allant du chauffage à l’irradiation, en passant aussi par la coloration. Alors, dans tout ça, comment s’y retrouver ?
Aujourd’hui, je vais partager avec vous quelques trucs et astuces d’expert, amusants et surtout faciles à réaliser, qui vous permettront de reconnaître les traitements et imitations de pierres fines les plus courants, sans outil spécialisé. Alors vous êtes prêt ?
Cet article a été rédigé par Benoît de Septaria, gemmologue et fondateur de Septaria.fr. Pour en savoir plus, je vous invite à visiter son site.
|
Qu’est-ce qu’une imitation ?

Une imitation, c’est une gemme – naturelle ou fabriquée par l’homme (synthétique) – qui tente de ressembler à une autre considérée comme ayant le plus souvent plus d’attrait.
Par exemple, l’oxyde de zirconium (appelé CZ) est une imitation du diamant. C’est une pierre fabriquée par l’homme qui n’a pas les mêmes propriétés que le diamant, mais qui y ressemble suffisamment : c’est incolore et ça brille quoi ! Du verre coloré rouge est aussi une (mauvaise) imitation du rubis, bon là c’est un peu gros c’est sûr, mais attention le verre est tout de même souvent utilisé pour les imitations…
Pourquoi faire subir un traitement à une pierre ?
Il y a une multitude de raisons qui peut mener à traiter certaines pierres. La première est assez simple et directe. C’est la loi de l’offre et de la demande. Par exemple, pour les saphirs/rubis/émeraudes, il y a beaucoup plus de demandes que d’offres. Très peu de « belles » pierres sont extraites comparé au trop grand nombre de clients qui souhaitent acheter ces pierres. Donc les pierres un peu moins belles seront traitées, par exemple par chauffage pour améliorer leur couleur et les rendre plus attrayantes !
La deuxième raison est moins connue. Certaines pierres tirent bénéfice d’un traitement pour améliorer leur durabilité dans le temps. C’est l’exemple de la turquoise qui sera « stabilisée » avec une résine incolore pour pouvoir conserver durablement sa couleur à l’air libre. Le traitement de surface en résine est également utilisé pour les pierres molles (de faible dureté) et a, dans ce cas, pour objectif d’augmenter leur résistance à la rayure, ou d’améliorer leur qualité de polissage.
Mais bon voilà, on n’a pas forcément envie tout de même d’acheter des imitations ou des pierres traitées…
Alors comment faire pour reconnaître les traitements et imitations de pierres fines ? Je vais vous dévoiler quelques petits trucs pour en repérer quatre des plus communs !!
Quelques conseils pour reconnaître les traitements et imitations de certaines pierres fines
Reconnaître le traitement le plus commun sur les lapis-lazuli

Le lapis-lazuli est souvent traité par teinture. Ce traitement permet de vendre des pierres aux couleurs peu attractives en leur donnant une couleur bien plus attrayante. Mais, très sincèrement, une pierre teintée n’aura jamais la beauté de la couleur d’une pierre naturelle, alors je vous conseille d’acheter des pierres naturelles sans aucun traitement, car le bleu du lapis, ce bleu outremer est inimitable !
Alors, comment repérer ce traitement de teinture ?
Deux moyens : le premier est visuel. Sur la photo de gauche, vous voyez le bleu qui est beaucoup plus foncé qu’à droite. On pourrait dire « trop » foncé pour être naturel. Le second concerne l’homogénéité de la couleur : sur la photo de gauche, le bleu est « trop » homogène, car une pierre naturelle offrira, pour sa part, de superbes nuances de bleus clairs à foncés.
Mais voilà, si vous en avez acheté une et que vous voulez en avoir le cœur net, comment faire ?

Vous sortez de l’acétone, ou tout dissolvant pour vernis à ongles, pas trop bio si possible. Enfin il faut qu’il y ait de l’acétone dedans quoi ! Et là, vous posez votre pierre sur du papier absorbant et vous y allez franchement en versant quelques gouttes d’acétone directement sur la pierre. Bon, vous pouvez y aller plus délicatement en prenant un petit coton-tige que vous imprégnez de dissolvant et que vous tapotez sur la pierre.
Si voyez du bleu sur le papier absorbant ou le coton-tige, le verdict est sans appel : la pierre est teintée.
Attention : ce test ne peut pas être réalisé sur toutes les pierres, car certaines sont extrêmement sensibles aux produits chimiques. Donc en plus d’enlever un peu de teinture, cela abimera irrémédiablement la pierre !
Reconnaitre une ambre naturelle d’une imitation

L’ambre est une gemme organique, elle provient de la fossilisation de la résine d’arbre sur des dizaines de millions d’années. Et cette gemme a une particularité bien à elle : elle flotte sur l’eau (salée). C’est d’ailleurs avec des filets qu’elle est « récoltée » dans la mer de la Baltique !!
C’est tout de même une gemme suffisamment rare, donc chère, pour qu’un grand nombre d’imitations circulent sur le marché. La plus répandue des imitations de l’ambre est le plastique (la bakélite). Vous allez dire : « du plastique ? Je vais tout de suite le voir ! » Eh bien détrompez-vous, ce n’est pas si simple !

Aujourd’hui je vais vous montrer LE test infaillible.
Vous prenez un verre d’eau, vous y mettez du sel, vous mélangez et vous en rajoutez jusqu’à saturation, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’un peu de sel reste au fond sans se dissoudre. A ce moment-là, votre eau est saturée en sel. Ensuite, vous plongez la gemme dans le verre. Si elle flotte c’est de l’ambre à 100%, mais si elle coule… ah, miséricorde ! C’est du plastique ou autre chose, mais en tout cas, ce n’est pas de l’ambre…
Le test de l’aiguille chauffée pour la résine

Un grand nombre de pierres sont recouvertes par traitement de surface à la résine. C’est un traitement courant et, parfois, fait de manière systématique par certains ateliers lapidaires, même lorsque cela n’est pas forcément nécessaire.
Avant toute chose, je voudrais vous mettre en garde, car le test utilisé ici dans cette partie est un test destructeur ! Donc si vous voulez vraiment le faire, il faudra procéder sur un endroit qui sera invisible une fois le bijou finalisé.

Méthode : D’une main, prenez une aiguille pointue ou une vis, avec quelque chose qui protégera de la chaleur. Par exemple un tissu replié. Vous pouvez aussi planter l’aiguille dans du bois ou liège. De l’autre main, prenez un briquet ou un chalumeau. Positionnez la pierre pour qu’elle soit bien stable et chauffez la pointe de l’aiguille jusqu’à ce qu’elle soit bien chaude (rouge). Puis arrêtez de la chauffer et appliquez la pointe chaude sur la surface de la pierre.
Si la pierre est traitée par recouvrement de surface, la pointe va s’enfoncer très légèrement dans la pierre et laissera une trace : un minuscule cratère. Attention, prenez la loupe, car la trace est parfois quasiment invisible à l’œil nu, en fonction de la couche de résine appliquée.
Reconnaître le traitement de coloration dans un quartz teinté

Ce traitement est LE traitement le plus répandu chez les quartz et agates.
L’identification de ce test est purement basée sur l’observation visuelle de la pierre. Elle est donc très liée à l’expérience et au nombre de pierres déjà observées.
Que faut-il observer ? L’indice diagnostique d’un quartz teinté est la présence d’une couleur homogène, excepté dans les fissures de la pierre où la couleur sera plus intense. Par exemple un quartz rose teinté, sera rose clair de manière homogène sur toute la pierre et rose foncé à certains endroits bien délimités en forme de lignes plus ou moins courbes. Dans certains cas, les indices de teinte sont flagrants, dans d’autres cela est beaucoup plus subtil. Alors … à vos loupes et prenez vos pierres pour vous entraîner !
Vous l’aurez compris, voir une photo et croire sur parole ne suffit pas. Il faut parfois voir la pierre en vraie pour pouvoir l’évaluer et reconnaître les traitements et imitations. Donc, attention à vos achats en ligne !
J’ai recherché tous ces trucs et astuces pour soutenir ma chérie quand elle s’est lancée dans la création de bijoux en pierres naturelles. Elle était (et elle est toujours) pointilleuse sur la qualité de ses pierres. Après quelques achats décevants, on s’est dit « stop », et j’ai continué à creuser le sujet en devenant gemmologue. C’est maintenant un réel plaisir de partager ma passion avec vous tous, chères créatrices et chers créateurs d’exception, et de vous permettre de choisir plus facilement des pierres de qualité qui sublimeront votre travail. Bons ateliers pratiques à tous, et si vous avez des questions, c’est juste en dessous !
Bonjour bonjour Caroline et merci merci vraiment c’est tranchant simple et claire toute ces explication de monsieur Benoît de Septaria, gemmologue quelle richesse je vais encore le relire et être vigilant merci encore car cet un outils précieux bonne semaine
Coucou Adonaï, avec plaisir 🙂 Je suis contente que cet article vous plaise !
Merci Benoît. C’est vraiment passionant .
Je m’interroge pour la part. On m’a offert une bague en argent avec une améthyste. Un bijou qui j’etait pas donné je pense. Outre le fait que le bijou possède le poinçon 925 qui ne vaut rien, en France en tout cas, je me demande s’il y a un test possible pour l améthyste. La couleur est parfaitement homogène, et sans eclat, irisations ou quoi que ce soit.
Toujours des articles super intéressants et j’adore comme c’est écrit!! Merci!
Avec plaisir Maria 🙂 Merci pour ton commentaire !
Merci
Bonjour ! Caroline, toujours très intéressant ton superbe site. J’apprécie que tu nous partage des trucs et astuces d’expert pour nous. Merci à Benoit pour son article. A+
Coucou Denis, merci pour ton commentaire 🙂 Je suis contente que le blog et son contenu te plaisent toujours autant ! À bientôt 😉