Vous êtes bijoutier et souhaitez créer des bijoux de couleur dorée ? Toutefois, l’or ne…

Vous débutez dans la fabrication de bijoux ? Peut-être vous demandez-vous alors quels métaux sont utilisés en bijouterie. En effet, même si traditionnellement, les bijoutiers et joailliers travaillent principalement les métaux précieux tels que l’or ou l’argent, il faut savoir qu’il existe une multitude d’autres métaux ou alliages dont vous pourriez vous servir dans vos créations. Des métaux non-précieux comme le laiton, aux métaux alternatifs comme l’acier, en passant par les métaux précieux, voici un petit tour d’horizon des métaux utilisés en bijouterie.
1- Les métaux non-précieux : parfaits pour débuter
Lorsque l’on débute en bijouterie, il vaut mieux se faire la main sur des métaux non-précieux comme le laiton ou le cuivre. En effet, si vous commencez votre apprentissage, vous allez devoir vous familiariser avec les techniques de sciage, limage, brasage et polissage. Et soyons honnêtes, à moins que vous n’ayez un talent inné, il y a fort à parier que vos premières pièces ne seront pas de super qualité, ce qui est tout à fait normal ? Imaginez donc un peu la perte d’argent si vous faites vos premiers essais sur de l’argent ou pire, sur de l’or.

Le laiton
Le laiton est selon moi le métal idéal pour se faire la main. En effet, il n’est pas très cher, on en trouve facilement et il est relativement facile à scier et limer. Pour en savoir plus sur ce métal, je vous conseille de lire l’article complet que j’ai écrit qui comporte les principales informations à connaître quand on veut faire des bijoux en laiton.
Le cuivre
En ce qui concerne le cuivre, je ne trouve pas que ce soit le métal idéal pour apprendre à scier. En effet, il a plutôt tendance à être « accrochant », ce qui risque de vous faire casser plus de lames de scie. Et en ce qui concerne le cassage de lames, croyez-moi vous allez être servit au début. Donc mieux vaut mettre toutes les chances de votre côté en vous tournant vers le laiton ?
En revanche, si vous souhaitez vous entraîner au formage, et faire des bijoux en foldforming, le cuivre est tout indiqué pour cela.
Vous ne connaissez pas cette technique ? Il s’agit d’une manière de créer des bijoux et autres ouvrages en trois dimensions, à l’aide de marteaux, de triboulets sinusoïdaux, et autres outils de mise en forme. Si cela vous intéresse, je ne peux que vous conseiller l’excellent livre de Charles Lewton-Brain (en anglais seulement).

Vendre des bijoux en métal non-précieux
Si vous vivez dans un pays dans lequel les lois en matière de travail et de vente des métaux précieux sont très réglementées, comme la France, il peut être intéressant de faire le choix de créer et vendre des collections de bijoux en métal non-précieux.
Mon but ici n’est pas de vous décourager de commercialiser des créations en argent ou en or si vous vivez en France. Cependant, vous devez savoir que les démarches administratives sont plus longues et plus complexes. Cela dépend donc vraiment de vous et de votre motivation à travailler les métaux précieux ou non ?
2- Les métaux précieux : les métaux traditionnellement utilisés en bijouterie
Une fois que vous serez plus à l’aise avec les techniques de base de la bijouterie, vous pourrez vous lancer dans le travail des métaux précieux (argent, or, platine, palladium).
Si vous êtes de nature anxieuse, je vous recommande d’y aller progressivement en commençant par l’argent avant de vous atteler à l’or. En effet, ce dernier est beaucoup plus cher, ce qui peut rendre le processus de fabrication assez stressant quand on a seulement travaillé avec des métaux non-précieux jusque-là.

L'argent
L’avantage de l’argent, hormis son coût plus faible que celui de l’or, est qu’il se travaille de la même façon que le laiton. Il est même plus facile à scier et à limer que ce dernier.
En revanche, son gros désavantage réside dans l’apparition de ce qu’on appel les taches de feu dès qu’on le chauffe en présence d’oxygène.
Pour en savoir plus à ce sujet et sur l’argent en général, je vous invite à lire cet article.

L'or
L’or est le métal précieux par excellence en bijouterie et joaillerie. En plus d’être agréable à travailler, on le retrouve en plusieurs couleurs. Celles-ci sont obtenues en fonction de la composition des alliages. Par exemple, l’or rouge contiendra une certaine quantité de cuivre, tandis que l’or blanc sera créé à partir d’un mélange d’or jaune et d’autres métaux qui vont lui donner sa couleur « blanche », et dont les recettes peuvent varier en fonction du titre et de l’entreprise (ou de l’artisan) qui fait l’alliage.
Vous constaterez que j’ai mis le mot « blanche » entre guillemets. En effet, en fonction des métaux utilisés, la couleur obtenue varie plutôt du gris jaunâtre au gris-blanc, en passant par le gris tout court ? La plupart du temps, il sera donc soumis à un plaquage au rhodium pour lui conférer la couleur que l’on retrouve en général dans le commerce.
Je ne m’étendrai pas plus ici à ce sujet, car l’or mériterait un dossier complet à lui tout seul, étant donné tout ce qu’il y a à dire sur ses alliages, ses différents titres, les poinçons, la réglementation, etc. Ce sera donc certainement le sujet d’un prochain article ?
Le platine
Le platine est un métal très intéressant pour le bijoutier et le joaillier, et ce, pour deux raisons. La première est qu’il ne s’oxyde pas. Si vous travaillez l’argent 925, le laiton ou le cuivre, vous comprenez tout de suite l’avantage ? En effet, l’alliage de platine utilisé en bijouterie est généralement pur à 95 %, ce qui lui permet de conserver sa belle couleur tout au long de la vie du bijou. La deuxième raison est qu’il a des propriétés hypoallergéniques, ce qui est parfait pour les personnes qui ont la peau sensible. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles il est aussi utilisé en médecine.
Toutefois, malgré ces deux avantages non-négligeables, il faut savoir que le platine est un métal très rare, beaucoup plus que l’or. Et qui dit matériau rare, dit prix très élevé. Il ne conviendra donc pas à tous les budgets…
Le palladium
Le palladium est un métal du groupe des platines de plus en plus populaire en bijouterie. Tout comme le platine, il est résistant à l’oxydation et a des propriétés hypoallergéniques. Pour en savoir plus, je vous invite à lire ce court article qui fut rédigé à la naissance de ce blog ?
3- Les métaux alternatifs : pour expérimenter de nouveaux concepts
Maintenant que nous avons vu les principaux métaux avec lesquels on travaille en bijouterie, nous allons faire un petit tour des métaux alternatifs que vous pourriez utiliser pour expérimenter de nouveaux concepts ou pour les allier avec des métaux plus traditionnels ?
Le titane
Outre ses propriétés hypoallergéniques, le titane est un métal qui offre des possibilités intéressantes, notamment parce qu’il peut se colorer. Sa coloration se fait par anodisation, c’est-à-dire en trempant la pièce dans un bain d’électrolytes, dans lequel on fait passer un courant. Les différentes couleurs obtenues dépendent du voltage qui a été appliqué.
Toutefois, la couche colorée qui se forme à la surface du métal étant très mince, il faudra éviter d’utiliser ce procédé sur certains types de bijoux comme les bracelets ou les bagues, si on veut offrir une coloration durable. En effet, ces bijoux sont plus soumis aux chocs et rayures, puisqu’ils se portent au niveau des mains.
Par ailleurs, il faut savoir qu’il n’est pas possible de braser le titane comme on le fait généralement avec les métaux utilisés en bijouterie. Le bijoutier devra donc généralement avoir recours au rivetage pour assembler les pièces entre elles.
Le niobium
À l’instar du titane, le niobium a des propriétés hypoallergéniques et peut lui aussi être coloré par anodisation, offrant ainsi une large gamme de couleurs. Et tout comme son homologue, il ne peut être brasé avec un équipement standard de bijoutier.
C’est un métal à la fois léger et très résistant. En effet, les creusets utilisés pour la fabrication de diamants synthétiques sont généralement en niobium.
L'acier
Je reçois souvent des messages de personnes qui aimeraient travailler l’acier pour fabriquer des bijoux. Plus particulièrement l’acier inoxydable, pour la simple et bonne raison qu’il ne s’oxyde pas. Ah l’oxydation sur les bijoux, en s’en passerait bien ?
N’ayant pas expérimenté moi-même le travail de ce métal, je ne suis pas la mieux placée pour en parler. Toutefois, voici le peu que je sais à ce sujet : il est possible de travailler l’acier de la même manière que l’argent, le laiton ou l’or, c’est-à-dire qu’on peut le scier, le limer, le braser et le polir. Toutefois, étant donné que les lames de scie et les limes sont elles aussi en acier, vous comprendrez que ces étapes sont plus difficiles à effectuées que pour les métaux traditionnellement utilisés en bijouterie. En ce qui concerne le brasage, il est possible d’utiliser de la brasure d’argent, mais il faudra utiliser un flux de brasage spécifique, comme celui-ci proposé par Rio Grande.
Une autre alternative serait plutôt d’utiliser un tour à métaux pour réaliser des bijoux en acier. Cependant, ce genre d’outil vous limitera dans le design de vos créations. Toutefois, c’est une très bonne solution si votre but est de simplement créer des bagues en acier sans brasure.
Les métaux japonais
Les métaux japonais comme le Shakudo ou le Shibuichi peuvent aussi être des alternatives intéressantes, notamment grâce aux couleurs que l’on peut obtenir à l’aide de patines.
En effet, le shakudo, un alliage de cuivre contenant 2 à 7 % d’or, devient noir avec des nuances de pourpre une fois patiné à l’aide de la technique Niiro.
Ces patines permettent d’obtenir un contraste de couleurs très intéressant lorsque ces métaux sont assemblés à d’autres, comme l’or par exemple. Si c’est une voie que vous souhaitez explorer, le livre Japanese patinas peut-être un bon point de départ ?
Par ailleurs, ces métaux sont également utilisés dans la technique japonaise du Mokume Gane. Il s’agit d’une technique qui permet d’obtenir des motifs, souvent associés au grain du bois (c’est d’ailleurs ce que veut dire Mokume Gane), grâce à la fusion de différentes plaques de métal qui sont ensuite déformées et laminées ou tréfilées, afin d’obtenir ces fameux motifs. Si cette technique vous intéresse, sachez que vous pouvez aussi utiliser de l’argent, du cuivre, du laiton ou de l’or pour la réaliser ?
Il existe évidemment d’autres métaux qui peuvent être utilisés pour réaliser des bijoux, tels que l’aluminium, le goldfilled et le bronze par exemple. En effet, la liste peut-être longue et il ne serait pas possible de tout traiter dans cet article. Cependant, si vous avez l‘habitude de travailler avec certains métaux non-traditionnels ou que vous en avez déjà expérimenté, n’hésitez pas à nous en parler dans les commentaires et à mettre un lien vers vos créations pour que l’on puisse aller les admirer ?
Merci Caroline pour cet article : on apprend toujours quelque chose.
Quid de l’alpaca qui est facile à travailler, a le même aspect à peu près que l’argent…est il définitivement interdit?
Merci !
Coucou Chantal, je suis contente que l’article te plaise 🙂
Alors, étant donné que l’alpaca est constitué de nickel, oui il est certainement interdit en Europe…
Merci Caroline.
Concernant les métaux japonais as-tu une idée du prix (% par rapport à l’argent) et où les trouver?
Je suis d’accord que pour une bague d’environ 7g, l’argent par rapport au laiton coûtera environ 5€ de plus, mais ce sera une bague en argent.
Bonne journée
Robert
Coucou Robert,
Je sais que Rio Grande vend du Shibuichi (leur alliage contient environ 15% d’argent) pour environ 70% du prix de l’argent 925 : https://www.riogrande.com/product/Handmade-Shibuichi-Silver-and-Copper-Alloy-3-Sheet-18-Ga-Hard/103981
Pour le reste, je n’en ai aucune idée, mais si tu as l’équipement pour la fonte, tu peux très bien fabriquer tes alliages toi-même 😉
Coucou Caroline,
Super cet article et TELLEMENT complet! C’est génial, merci beaucoup.
Je me permets d’y apporter ma petite contribution à propos de l’aluminium que je travaille depuis un an environ.
C’est un métal blanc (comme l’argent) qu’on peut aussi colorer par anonisation. On ne peut pas le braser avec les techniques de bijouterie classiques. Par contre il est très souple, idéal pour le martelage, le poinçonnage et toutes les techniques de mise en forme car on peut le recuire. Pour le recuit, il ne faut pas trop le chauffer car sa température de fusion est basse mais on peut savoir quand la température de recuit a été atteinte en frottant un morceau de savon dessus avant de le chauffer. Quand la trace de savon disparait, la température de recuit est atteinte. Il est très léger et hypoallergénique. Par contre il y a une polémique sur les éléments qu’il peut transmettre à travers le contact avec la peau. Il est très peu onéreux et du coup super pour s’entrainer et pour des bijoux fantaisies.
Il n’est pas beaucoup aimé des bijoutiers « classiques » qui lui reprochent de « coller » aux outils (limes, lames de scies…)
Un sujet à creuser peut être!!!
Coucou Marie, merci pour ce commentaire hyper complet et intéressant ! Je suis sûre que cela en aidera plus d’un 🙂
Hallo Caroline,
Félicitation, vous faites un très bon travail.
Moi-même je suis aussi orfèvre depuis 25 ans et j’ai eu une idée pour réduire le coût de la soudure en or, qui est normalement très elevé.
J’ai laisser faire des additifs en Italie, avec lesquels vous pouvez facilement faire vous-même des soudures à l’or de haute qualité en ajoutant simplement de l’or fin.
Peut-être pouvez-vous les promouvoir en tant qu’influenceurs?
Pour l’instant j’essaie de vendre le kit sur ebay, mais cela ne marche pas telment bien en ce moment.
https://www.benl.ebay.be/itm/274247983423
Dans l’espoir d’avoir éveillé votre intérêt, je vous prie d’agréer, l’expression de mes salutations distinguées.
David Doyen
Aachener Strasse 23
B-4780 St.Vith
Tel. 0032(0)80228121
Gsm/WhatsApp 0032(0)489428226
Website: Davidsfinejewels.com
Bonjour David, j’ai bien reçu votre message à ce sujet par e-mail. Je vous réponds d’ici demain sans faute 😉
Bonjour Caroline,
Merci pour toutes ces informations !!!
Je me permettrai d’ajouter :
Le pomponne(alliage à base de cuivre)inventé et utilisé en bijouterie à la fin du 18ème et au 19ème siècle…
On ne l’utilise plus depuis la fin du 19eme.
À très bientôt !Eva
Coucou Eva, je ne connaissais pas du tout ce métal. Je viens de faire quelques recherches dessus, c’est très intéressant historiquement parlant. Merci pour ce partage !